Il annonce un livre – “Anti-Macron” – et un appel à remonter à gauche. Il veut également continuer à écrire des chroniques pour la vie quotidienne.
Troisième drame en trois mois dans Libération. Après l’annonce surprise du lancement du journal du groupe Altice qui sera transféré à une fondation mi-mai, après l’arrivée de Denis Olivennes à sa direction générale le 11 juin, les salariés du titre ont découvert le jeudi 16 juillet, le départ imminent de son directeur de publication, Laurent Joffrin.
Cette perspective avait été esquissée en mai en même temps que la fondation, mais aucune date n’avait été officiellement établie. A 68 ans, le journaliste s’est lancé dans la politique, un projet qui avait mûri “depuis le début de l’année”, a expliqué Le Monde.
Le titre de son prochain livre, aux éditions Stock, laisse peu de doute sur le sujet de sa motivation: Anti-Macron, un recueil de lettres politiques que l’éditorialiste a publié quotidiennement sur Libé.fr entre 2017 et 2020, est attendu en librairie Le 23 septembre. “S’il ne reste plus rien aujourd’hui, nous risquons de nous retrouver avec un Macron-Le Pen à nouveau au second tour des prochaines élections présidentielles [en 2022], et c’est une perspective qui ne me réjouit pas”, poursuit-il.
Lundi 20 juillet à 11 heures, lors d’une conférence de presse organisée dans le 11e arrondissement de Paris, il lèvera le voile sur les noms de centaines “d’intellectuels, d’experts, de militants d’associations …” qui se joignent à son appel, “pour que la gauche puisse récupérer”. Aucun parti ou élu n’est parmi les signataires du texte de la fondation qui sera présenté ce jour-là.
“Nous savions que l’ère Joffrin était terminée”
Dès l’annonce de la nouvelle, jeudi, les journalistes se sont réunis à l’assemblée générale pour discuter de la compatibilité de la nouvelle carrière de Laurent Joffrin avec le maintien de certaines de ses responsabilités. Pour apaiser l’excitation qu’il a suscitée, le directeur de la publication prévoit de démissionner officiellement dans les prochaines heures des trois postes qu’il a occupés jusqu’à présent (codirecteur, directeur de la publication et directeur de la rédaction).
Cependant, il souhaite rester chroniqueur pour le journal et sera l’un des trois administrateurs du fonds de dotation créé par Altice en septembre. “Face au fait accompli, l’éditorial indique que ce nouvel engagement personnel est incompatible avec la recherche d’une quelconque activité éditoriale au sein de la Libération”, ont répondu les journalistes du journal.
L’histoire de Laurent Joffrin avec Libération, étroitement liée depuis près de quarante ans, a dû prendre fin lorsque Altice a décidé de quitter le journal. “Avec la nomination de Denis Olivennes à la direction générale du groupe et l’arrivée de Dov Alfon, nous savions que l’ère Joffrin était révolue, même si elle devait durer jusqu’à la fin de l’année”, a-t-on déclaré en interne.
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Pour la rédaction, c’est Dov Alfon, rédacteur en chef du journal israélien de gauche Haaretz entre 2008 et 2011, avant d’être son correspondant à Paris depuis 2016, qui pourrait être nommé à la tête du journal. Également auteur de Unit 8200 (Liana Levi Editions, avril 2019), roman d’espionnage basé sur ce service d’information technologique, le journaliste a été accusé par Denis Olivennes d’une sorte d’audit dont les conclusions sont attendues au début de l’année scolaire . “Regardez. Vous avez l’impression que votre projet sera basé sur des abonnements numériques et des sondages”, a expliqué un employé. Et cette fois, Laurent Joffrin ne décidera pas.